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le soin de ses propres intérêts, comme médecin, contribua-t-il pour quelque chose à la répugnance qu’il sentait à aller s’exposer au ressentiment d’une personne aussi considérable dans le pays que M. Tyrrel. Cette faiblesse n’empêchait pas qu’il ne fût susceptible des sentiments communs à tous les hommes, et il lui en aurait extrêmement coûté pour se charger du message ; d’ailleurs, il ne croyait pas à propos, dans la circonstance actuelle, d’abandonner M. Falkland.

Le docteur Wilson n’eut pas plutôt laissé entrevoir ses idées à ce sujet, qu’elles parurent faire une impression soudaine sur Mrs. Hammond, qui demanda avec empressement qu’on lui permît de porter elle-même la nouvelle. On ne s’attendait pas à cette proposition ; mais le docteur ne se fit pas beaucoup presser pour y donner son assentiment. Mrs. Hammond était résolue, disait-elle, de voir par elle-même quelle sorte d’impression cette funeste catastrophe ferait sur celui qui en était l’auteur, et elle promit de se comporter avec modération. Le voyage fut bientôt fait.

« Je suis venue, monsieur, dit-elle à M. Tyrrel, vous informer que votre cousine, miss Melville, est morte cette après-midi.

— Morte !…

— Oui, monsieur, je l’ai vue mourir ; elle est morte dans mes bras.

— Morte !…. qui est-ce qui l’a tuée ?…. que voulez-vous dire ?