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favoriser encore la vengeance de M. Tyrrel, car, dans l’emportement de sa fureur, il n’avait pas songé à faire entrer cette circonstance dans ses combinaisons.

Il est aisé de se figurer l’état de détresse de ces deux malheureuses femmes ainsi entraînées l’une par force, l’autre par dévouement, à un lieu aussi peu fait pour elles qu’une prison publique. Il y avait néanmoins dans Mrs. Hammond la force d’âme et l’activité de zèle nécessaires à la conjoncture difficile où elle se trouvait. Son caractère calme et ferme, capable de braver l’injustice sans se passionner, la rendait très-propre à faire tout ce que la prudence et la réflexion pouvaient suggérer. La santé de miss Melville fut considérablement compromise, comme il y avait lieu de s’y attendre, par la surprise qu’elle avait eu et par le déplacement qu’elle avait souffert au moment même où le repos lui était le plus nécessaire. Sa fièvre devint plus violente que jamais ; son délire redoubla, et les tortures de son imagination égarée augmentèrent en raison des circonstances dans lesquelles elle avait été arrachée à son sommeil. Il n’y avait presque plus d’espoir pour son rétablissement.

Dans le moment où sa raison l’abandonnait, le nom de Falkand était continuellement dans sa bouche. « M. Falkland, disait-elle, était son premier amour, son unique amour ; il serait un jour son mari. »

Un instant après, elle lui faisait des reproches douloureux sur son indigne déférence pour les