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sier, et l’exhortait à mettre un peu de modération et d’humanité dans l’exercice de ses fonctions ; mais il était inébranlable. Pendant ce temps-là, Émilie se soumettait avec la plus douce résignation à un mal inévitable. Mrs. Hammond insista pour qu’il lui fût au moins permis d’accompagner la jeune miss dans la chaise de poste ; et, quoique l’huissier eût reçu des ordres assez positifs pour ne rien oser prendre sur lui quant à l’exécution de la sentence, cependant il commença à craindre quelques suites dangereuses, et il fut disposé à permettre toutes les précautions qui n’étaient pas directement opposées à l’objet de son ministère. Quant au reste, il était d’opinion qu’il y aurait de très-grands inconvénients à admettre une allégation de maladie ou tout autre empêchement de cette nature comme une cause suffisante pour entraver la marche de la loi, et qu’en conséquence, dans tous les cas douteux, comme lorsqu’il y avait présomption de meurtre, la jurisprudence ordinaire inclinait toujours avec une très-sage et très-louable partialité en faveur des officiers de justice. À cette règle générale de conduite se joignait encore l’influence des injonctions très-précises de Swineard, qui lui avait garanti tous les événements, et celle de la terreur universelle attachée au nom de Tyrrel à plusieurs lieues à la ronde. Avant de partir, Mrs. Hammond dépêcha un exprès à M. Falkland avec un billet de trois lignes pour l’informer de cet étrange événement. Quand l’exprès arriva, M. Falkland était absent, et ne devait être de retour que dans deux jours ; ce qui semblait concourir à