Page:Godwin - Caleb Williams, I (trad. Pichot).djvu/142

Cette page a été validée par deux contributeurs.

que, de temps immémorial, il y avait un large sentier qui conduisait en droite ligne de la maison de Hawkins au grand chemin. Par suite d’un accord entre M. Tyrrel et son complaisant tenancier, on ferma ce sentier ou chemin de traverse, de manière que le pauvre Hawkins se trouva comme prisonnier dans sa propre habitation, et se vit obligé de faire un détour de près d’un mille pour se rendre à la ville.

Le fils Hawkins, ce jeune homme qui avait été le sujet originaire de la querelle, avait beaucoup de l’énergie de son père, et il se sentait indigné au delà de toute mesure des différents actes de despotisme qu’il voyait successivement se commettre sous ses yeux. Le ressentiment qu’il en éprouvait était d’autant plus vif, qu’il savait que toutes les traverses essuyées par son père n’avaient d’autre cause que la tendresse que celui-ci lui portait, et qu’en même temps il aurait eu l’air de repousser cette même tendresse en s’offrant de faire cesser la véritable cause du procès. Dans la conjoncture présente, sans prendre conseil que de sa fougue et de son ressentiment, il sort au milieu de la nuit, renverse toutes les barrières qu’on avait placées à l’entrée de l’ancien sentier, brise les cadenas qui y avaient été posés et force les portes. Il ne fit pas cette opération sans être aperçu, et dès le lendemain il y eut un mandat décerné pour l’arrêter. En conséquence il fut conduit devant un comité de juges de paix, qui l’envoyèrent à la prison du comté pour être jugé aux assises prochaines, comme coupable d’un délit emportant peine capitale. M. Tyrrel était déterminé à