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voilà la vérité ; et quand un homme ne se respecte pas, ma foi, tant pis pour ce qui lui en arrive. Je hais comme la peste tous ces faquins francisés, et j’avoue que je ne suis pas trop content de voir mon voisin Underwood prendre le parti de ce drôle-là. Hawkins… n’est-ce pas là votre nom ?… Eh bien ! allez demain trouver Barnes, mon intendant, et il vous parlera. »

En disant cela, M. Tyrrel se rappelait qu’il avait une ferme vacante, à peu près de la même valeur que celle qui avait été louée à Hawkins par M. Underwood. Il consulta aussitôt son intendant, et, trouvant l’affaire convenable sous tous les rapports, Hawkins fut sur-le-champ admis au nombre des fermiers de M. Tyrrel. M. Underwood fut vivement piqué de ce procédé, que personne autre que M. Tyrrel n’eût osé se permettre, comme étant contraire aux usages reçus entre gentilshommes de campagne. Il dit que, si l’on encourageait les fermiers dans des actes de désobéissance aussi inexcusables, il n’y avait plus de règle ni de bon ordre à espérer. Il n’était pas question ici de tel ou tel candidat, vu que tout gentilhomme vraiment ami de son pays devait préférer de succomber dans une élection plutôt que de faire une pareille chose, qui ne manquerait pas, si elle passait une fois en pratique, de leur ôter pour jamais les moyens de diriger une élection. Les paysans n’étaient déjà que trop indociles et trop obstinés par eux-mêmes ; il devenait tous les jours de plus en plus difficile de les tenir dans la subordination,