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L’aspect triste et nébuleux du ciel et de tous les objets qui m’environnaient, la proximité de ma prison et un manque absolu de nourriture, étaient autant de circonstances qui me firent passer les heures d’une manière peu agréable. Toutefois, ce mauvais temps, qui semblait amener avec lui le silence et la solitude, m’encouragea par degrés à changer mon abri pour un autre de même genre, mais qui semblait m’offrir plus de sûreté. Je ne fis que rôder autour du même coin de terre, pendant tout le temps que le soleil demeura sur l’horizon.

Vers le soir, les nuages commencèrent à se dissiper, et la lune reparut dans tout son éclat, comme le soir précédent. Pendant tout le jour, je n’avais pas vu trace d’homme, si ce n’est la rencontre dont j’ai parlé. Peut-être en avais-je été redevable à l’état du ciel ; dans tous les cas, je trouvais que c’était une épreuve trop dangereuse que de m’aventurer à quitter ma retraite par une nuit aussi éclairée. Je fus donc obligé d’attendre le coucher de la lune, ce qui n’eut lieu qu’à cinq heures du matin. Tout ce que je pus faire pour me soulager fut de m’étendre au fond de ma petite caverne, ne pouvant presque plus me tenir sur mes pieds. Là je tombai dans un assoupissement pénible et interrompu à tout moment, résultat d’une nuit aussi laborieuse, et d’une journée aussi triste et aussi fatigante ; je luttai d’ailleurs par la pensée avec le sommeil, qui, joint à la fraîcheur du temps, devait me faire plus de mal que de bien.

L’intervalle d’obscurité dont j’étais résolu de pro-