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elle était couverte d’épines et de broussailles ; le sol était presque partout sablonneux, et la surface extrêmement irrégulière. Je gravis une petite éminence, et je distinguai à peu de distance quelques chaumières éparses. Cette vue ne me fit pas grand plaisir ; je sentis que pour le moment il était essentiel à ma sûreté de me soustraire à la vue de tout être humain.

Je redescendis donc dans la vallée, et, après l’avoir examinée avec plus d’attention, je m’aperçus qu’elle était parsemée de cavités inégales, mais toutes trop peu profondes pour pouvoir cacher quelqu’un ou même pour qu’on pût les soupçonner de servir à cet usage. Cependant le jour ne faisait que de poindre ; le temps était pluvieux, et pour un étranger à qui ces cavités n’étaient pas bien connues, l’épaisseur de l’ombre qu’elles répandaient en ce moment pouvait bien les faire présumer propres à procurer une retraite. Ainsi, tout faible qu’était le secours que je pouvais en retirer, je crus devoir user de cette ressource, pour l’instant, comme la meilleure dans la circonstance. Il s’agissait de ma vie, et plus était grand le péril auquel elle était exposée, plus elle me paraissait chère. La retraite que j’adoptai comme la plus sûre n’était guère qu’à cinquante toises de l’extrémité de la ruelle et des dernières maisons de la ville.

Il n’y avait pas deux minutes que je m’y tenais, lorsque j’entendis un bruit de pas précipités, et que j’aperçus aussitôt le guichetier ordinaire avec un