Page:Godwin - Caleb Williams, II (trad. Pichot).djvu/80

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de la ligne perpendiculaire et de les tirer ensuite l’un après l’autre de dedans le mur, où ils n’étaient enfoncés que d’environ trois pouces, sans qu’on eût pensé à les fixer autrement. Mais l’ouverture ne se trouva pas assez large pour pouvoir donner passage à mon corps. Il fallut donc que je me misse, partie avec mon ciseau, partie avec un des barreaux, à élargir la croisée en démolissant la maçonnerie, et, quand je fus ainsi venu à bout de détacher quatre ou cinq briques, je redescendis et les entassai sur le plancher. Je répétai cette opération trois ou quatre fois. Alors, m’étant glissé à travers l’ouverture, je m’avançai jusque sur une espèce de hangar qui était en dehors.

Je me trouvais dans une cour étroite entre deux murs : savoir, celui de la chambre commune des criminels et le mur de clôture de la prison. Mais je n’avais pas, comme l’autre fois, des instruments pour m’aider à escalader ce mur, qui était d’une hauteur considérable. Il n’y avait pour moi d’autre ressource que celle de faire une brèche suffisante dans le bas du mur, qui ne laissait pas d’être fort, étant de pierre à l’extérieur et revêtu de briques en dedans. Les chambres des prisonniers pour dettes formaient angle droit avec le bâtiment d’où je venais de m’évader ; et, comme il faisait clair de lune, j’eus un moment la crainte d’être découvert par eux, particulièrement dans le cas où j’aurais fait quelque bruit, plusieurs de leurs croisées donnant sur cette cour. C’est pourquoi je me déterminai à me servir du hangar comme d’un abri pour me cacher. Il