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détaché, et appela aussitôt le geôlier en chef. On me questionna sur les moyens que j’avais employés ; et, comme je vis bien que la dissimulation ne servirait qu’à occasionner des recherches plus exactes et une surveillance plus rigoureuse, je déclarai toute la vérité. L’illustre personnage qui avait le gouvernement de la place, ne tint pas à cette dernière hardiesse de ma part, et se mit sérieusement en colère contre moi. L’adresse et les belles paroles ne pouvaient plus servir à rien. Il s’écria qu’il était bien convaincu, à présent, de la sottise qu’il y avait à montrer de la bienveillance à des coquins comme moi qui était l’écume de la terre ; et il voulait être damné, si jamais on l’y rattrapait ; que je l’en avais guéri pour jamais ; qu’il était étonné que les lois n’eussent pas établi quelque supplice particulier pour les voleurs qui cherchaient à tromper leurs geôliers ; que la pendaison était cent fois trop bonne pour moi ! ! !

Après avoir ainsi exhalé sa bile, il se mit à donner tous les ordres que les instigations réunies de la colère et de la crainte purent lui suggérer. On me changea de logement. Je fus conduit à une chambre sombre et spacieuse qu’on nommait la chambre forte, dont la porte ouvrait dans le cachot du milieu, Elle était plus bas que terre, comme tous les cachots, et située sous cette chambre commune dont j’ai déjà parlé. Il y avait plusieurs années qu’on n’en avait ouvert la porte ; l’air en était infect, et les murs tachés de moisissures. J’eus comme auparavant les fers, le cadenas et la chaîne ; mais on y ajouta les