indiqua les remèdes qu’il fallait appliquer, et donna l’ordre exprès qu’on ne me remît plus de fers à cette jambe pendant tout le temps de la cure. Il se passa un mois entier avant que mon mal fût parfaitement guéri, et que ma jambe fût redevenue aussi ferme et aussi souple que l’autre.
Je me trouvai, après cette tentative, dans une situation totalement différente de celle qui avait précédé. J’étais toute la journée enfermé dans mon cachot, sans aucun adoucissement à mon sort, si ce n’est qu’on laissait la porte ouverte quelques heures de l’après-midi, pendant lequel temps les prisonniers venaient me voir et causer avec moi, particulièrement un qui était, il est vrai, bien loin de me tenir lieu de mon pauvre ami Brightwell, mais qui avait néanmoins d’excellentes qualités. Ce n’était autre que ce même individu renvoyé il y avait quelques mois par M. Falkland sur une accusation de meurtre. Son courage était abattu ; le chagrin et la misère l’avaient entièrement défiguré. C’était encore une victime innocente de nos institutions, un homme plein de droiture et de bonté. Il finit, je crois, par être acquitté, et il alla traîner par le monde, dans le malheur et l’obscurité, les restes de son existence.
Mes travaux mécaniques avaient cessé ; toutes les nuits on faisait une perquisition dans mon cachot, et on écartait de moi avec le plus grand soin toute espèce d’outils. La paille qu’on m’avait jusqu’alors accordée m’avait été ôtée sous prétexte qu’elle était propre à cacher des objets défendus, et