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une franchise invariable, dont le prix était toujours une mort prématurée.

Mon plan était tout fait. Je pensai qu’à l’aide du levier il me serait aisé de soulever sans beaucoup de bruit la porte de mon cachot hors de ses gonds, ou bien, qu’en cas de nécessité, je pourrais enlever la serrure. Cette porte donnait dans un passage étroit où était d’un côté l’enfilade des cachots, et de l’autre les logements du geôlier et des guichetiers, au delà desquels était l’entrée ordinaire de la rue. Je n’osai pas tenter cette sortie, de peur de réveiller les personnes contre la porte desquelles il m’aurait fallu nécessairement passer. Je me déterminai donc à choisir celle de l’autre extrémité du passage, qui était bien barricadée et donnait sur une espèce de jardin appartenant au geôlier. Je n’étais jamais entré dans ce jardin, mais j’avais eu occasion de le voir de la fenêtre de notre chambre commune, la chambre même étant immédiatement au-dessus des cachots. Un mur très-élevé terminait le bâtiment de ce côté, à ce que j’avais appris par mes camarades de prison, et au delà était une ruelle assez longue qui aboutissait à une des extrémités de la ville. Après avoir bien examiné le local et avoir longtemps réfléchi sur ce sujet, il me sembla que si une fois je pouvais gagner le jardin, il me serait facile, à l’aide de perçoirs et d’autres outils fichés à des distances convenables, de me faire une espèce d’échelle avec laquelle j’escaladerais le mur, et reprendrais bientôt possession de ma chère liberté. Je préférai ce mur à celui qui bornait immédiatement mon cachot, parce