sasse pas une seconde fois de le rebuter et de lui répondre par de mauvais propos.
Ces préliminaires ainsi gagnés, j’amassai successivement des outils de différentes espèces, tarières, perçoirs, ciseaux, etc. Enfin je me mis à l’ouvrage : les nuits étaient longues ; mon geôlier, malgré son ostentation de générosité, était excessivement pressé. Je sollicitai donc encore, et j’obtins un bout de chandelle pour pouvoir travailler une heure ou deux de plus, après que j’étais enfermé dans mon cachot. Néanmoins je ne travaillais pas constamment à l’ouvrage que j’avais entrepris, et mon geôlier laissait percer à tout moment des signes d’impatience. Peut-être avait-il peur que je n’eusse pas le temps de finir avant d’être pendu. J’insistai toutefois sur la liberté de travailler à mon loisir et quand il me plairait, ce qu’il n’osa pourtant pas me contester expressément. Pour surcroît de bonne fortune, je parvins à me procurer secrètement un levier de fer, par le moyen de miss Marguerite, qui venait de temps en temps à la geôle examiner les prisonniers, et qui paraissait m’avoir pris particulièrement en amitié.
Ici il est facile de reconnaître comment le vice et la duplicité naissent nécessairement de l’injustice. Je ne sais si mes lecteurs me pardonneront le profit peu délicat que je comptais tirer de l’indulgence inexplicable de mon geôlier envers moi. Mais je ne dois pas taire mes faiblesses ; c’est mon histoire et non mon apologie que j’ai voulu écrire ; et je ne me sentais pas préparé à conserver dans ma conduite