» Plût à Dieu qu’il me fût permis de quitter ce lieu sans proférer un seul mot de plus ! J’en braverais les conséquences… Je me soumettrais de bon cœur à m’entendre nommer lâche, imposteur, pervers et dépravé, plutôt que d’ajouter encore au poids des malheurs qui accablent M. Falkland. Mais la situation même de M. Falkland et sa propre volonté me défendent de me taire. Tandis que je sacrifierais de tout mon cœur mes intérêts les plus chers à la sensibilité que m’inspire l’état où je le vois, lui-même il me presserait de l’accuser pour pouvoir entreprendre sa justification… Je vais ouvrir mon cœur tout entier.
» Il n’est pas de remords, pas de tourments qui puissent expier la démence et la barbarie de l’action que je viens de commettre. Mais M. Falkland sait bien… je l’affirme en sa présence… il sait avec quelle répugnance je me suis laissé entraîner à cette extrémité. J’ai eu pour lui de la vénération ; il était fait pour l’inspirer ; je l’ai tendrement chéri ; il était doué de qualités vraiment célestes.
» Du premier moment où je l’ai vu, j’ai conçu pour lui la plus vive admiration. Il a daigné encourager ma jeunesse ; je me suis attaché à lui avec une affection et un dévouement sans réserve. Il était malheureux ; une indiscrète curiosité, si naturelle à mon âge, me donna le désir de pénétrer le secret de son malheur. Telle fut l’origine de ma propre infortune.
» Que dirais-je ?… Il est vrai qu’il a été le meurtrier de Tyrrel, qu’il a laissé aller les deux Haw-