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Tremble !

Ils ont tremblé, ces tyrans qu’environnaient les armées de leurs janissaires ! Qui pourrait te mettre à l’abri de ma rage ?… Je ne me servirai pas de poignards ! Non… Je raconterai mon histoire… Je te montrerai au monde tel que tu es, et il n’y aura pas un homme vivant qui ne sente que la vérité a dicté ces pages… T’es-tu figuré que je n’étais qu’un être passif, qu’un vermisseau, organisé seulement pour souffrir et incapable des émotions du ressentiment ? T’es-tu figuré que tu ne courais aucun risque à m’infliger des supplices, quelque douloureux qu’ils fussent, à m’accabler de persécutions, quelque intolérables qu’elles pussent être ? M’as-tu donc supposé impuissant et stupide, sans intelligence pour combiner ta perte, et sans énergie pour la consommer.

Je dirai mon histoire… la justice nationale m’entendra… tous les éléments de la nature se bouleverseraient vainement pour m’interrompre… Je parlerai avec une voix plus redoutable que la foudre ! Pourquoi supposerait-on qu’un motif honteux m’ouvre la bouche ? Je suis pas maintenant sous les serres de la persécution ! Je n’aurai pas l’air de charger ta tête d’une accusation criminelle pour la repousser de la mienne… Verrai-je d’un œil affligé l’abîme que je vais creuser sous tes pas ?… Trop longtemps tu m’as trouvé compatissant et sensible ! Quel avantage ai-je recueilli de ma clémence abusée ? Y a-t-il un mal que tu aies balancé à ajouter à tous ceux que tu as accumulés sur