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de m’environner de toute la vigilance possible. J’eus grand soin de ne pas m’exposer aux hasards des ténèbres ou de la solitude. Quand je quittai la ville, ce fut avec la voiture publique, moyen de protection bien assuré contre toute violence ouverte. Toutefois, je ne me trouvais pas plus inquiété dans ma marche que si je n’avais pas eu la moindre raison de rien craindre. À mesure que la distance augmenta, je me relâchai de quelque chose dans mes précautions, quoique toujours tenu en éveil par un instinct de danger et constamment poursuivi par l’image de mon persécuteur. Je fixai mon choix sur une petite ville du pays de Galles. Dans la recherche que je faisais d’une demeure, mes regards s’arrêtèrent avec plaisir sur cet endroit qui, dans une situation riante, annonçait à la fois la propreté et la simplicité. Il était éloigné de tout chemin public et fréquenté, et n’avait aucun commerce ou du moins rien qui en méritât le nom. La nature y avait l’aspect le plus agréablement diversifié, offrant dans une partie des sites agrestes et pittoresques, dans l’autre de riches et abondantes productions.

Une fois fixé dans ce lieu, je me mis à y exercer deux professions différentes : la première, celle d’horloger, pour laquelle le peu d’instruction que j’avais reçue ne laissait pas d’être assez heureusement secondée par une imagination fertile en inventions mécaniques ; la seconde, de maître de mathématiques et des sciences pratiques qui en sont l’application, telles que la géographie, l’astronomie, l’arpentage et la navigation. Dans l’obscure retraite