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XXXIX


Sous l’influence de ces raisonnements, je me déterminai à garder ce qui m’avait été remis dans les mains. Ensuite mon premier soin fut de songer au lieu que je choisirais pour y cacher cette triste existence que je venais de dérober au bourreau. Depuis cette crise, il me semblait que le danger d’être arraché par force au plan auquel je jugerais à propos de me fixer ne devait plus être aussi grand. D’ailleurs, ce qui influait beaucoup sur ma détermination, c’était le dégoût extrême que j’avais conçu pour les situations par lesquelles il m’avait fallu passer. Je ne pouvais savoir de quelle manière M. Falkland se proposait de diriger sur moi ses vengeances ; mais toute espèce de déguisement m’était si odieuse, l’idée de passer ma vie sous une autre forme que la mienne me causait une aversion tellement insurmontable, qu’il m’était impossible, au moins pour le moment, d’arrêter mon esprit sur rien de semblable. La capitale m’inspirait le même éloignement, en me rappelant tant d’instants passés sous le voile du mensonge et dans l’angoisse de la terreur. Je me décidai donc en faveur du projet qui avait autrefois tant souri à mon imagination, celui de me