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mensité de l’avenir, et le nom de Falkland ne sera prononcé qu’avec respect dans les temps et les contrées les plus reculées du monde. »

Après ces mots, reprenant son premier sujet, il en revint à moi et à ma destinée :

« Il y a, dit-il, une condition sous laquelle vous pouvez obtenir quelque adoucissement à votre sort. C’est là l’objet pour lequel je vous ai envoyé chercher. Écoutez mes propositions avec sang-froid et avec prudence. Souvenez-vous que vouloir vous jouer avec une détermination arrêtée dans mon âme, serait une démence aussi forte que de vouloir repousser dans sa chute une avalanche prête à vous écraser.

» J’exige que vous signiez un écrit qui déclare de la manière la plus solennelle que je suis innocent du meurtre dont vous m’avez accusé, et que l’allégation que vous avez faite devant le magistrat de Bow-Street est fausse, calomnieuse et sans fondement. Peut-être le respect de la vérité vous fait hésiter. Mais la vérité mérite-t-elle notre hommage pour elle-même et non pour le bonheur qu’elle est faite pour répandre ? Un homme raisonnable ira-t-il sacrifier à la vérité stérile, quand la bienfaisance, l’humanité et tout ce qui doit être cher à son cœur exigent qu’elle soit un moment oubliée ? Il est probable que je ne serai jamais dans le cas de faire usage de ce papier ; mais je l’exige comme la seule réparation possible de l’atteinte que vous avez voulu porter à mon honneur. Voilà ma proposition ; j’attends votre réponse.