Page:Godwin - Caleb Williams, II (trad. Pichot).djvu/209

Cette page a été validée par deux contributeurs.

déclaration qui ne manque jamais d’exciter l’attention des personnes préposées à l’administration de la justice criminelle.

Je dis que j’avais continuellement protesté de mon innocence, et que j’entendais réitérer les mêmes protestations.

« En ce cas, repartit brusquement le doyen des magistrats, que pouvez-vous donc avoir à révéler ? Si vous êtes innocent, cela n’est point de notre compétence : nous ne sommes ici qu’officiers ministériels.

— Je n’ai jamais cessé de déclarer, continuai-je, que je n’avais commis aucun crime, mais que le crime était en entier du fait de mon accusateur ; qu’il avait furtivement glissé ses propres effets parmi les miens, et ensuite m’avait dénoncé comme voleur. Aujourd’hui je déclare encore plus, je déclare que cet homme est coupable de meurtre, que j’ai découvert son crime, et que c’est par cette raison qu’il s’est déterminé à me faire perdre la vie. Je présume, messieurs, que vous regarderez bien comme de votre compétence de recevoir une telle déclaration. Je suis convaincu que vous ne voudrez nullement contribuer, activement ou passivement, à l’injustice atroce dont je suis la victime, que vous ne concourrez en aucune manière à ce qu’un innocent soit emprisonné et condamné, pour qu’un meurtrier puisse vivre en paix et en liberté. J’ai tenu ce fait caché aussi longtemps qu’il m’a été possible. J’ai toujours eu trop de répugnance à être l’auteur du malheur ou de la mort d’une créature humaine ;