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M. Falkland ne fit aucune réponse à mes interpellations. M. Forester se tourna vers lui, en disant : « Eh bien, monsieur, que répondez-vous au défi que vous porte votre domestique. »

M. Falkland répondit : « Un pareil mode de défense ne mérite presque pas de réplique ; mais voici la mienne : Jamais je n’ai eu cette conversation ; jamais je ne me suis servi de ces expressions ; jamais je n’ai reçu cette lettre. À coup sûr, pour faire tomber une accusation, il ne suffit pas au criminel de la repousser avec une grande volubilité de langue et une contenance intrépide. »

M. Forester se tourna ensuite vers moi. « Si c’est sur la vraisemblance de vos assertions, me dit-il, que vous vous fondez pour votre justification, il faut au moins faire en sorte qu’elles soient conséquentes et qu’elles répondent à tout. Vous ne nous avez pas dit quelle était la cause de l’inquiétude et de l’embarras que Robert déclare avoir remarqués en vous, pourquoi vous étiez si impatient de quitter le service de M. Falkland, et enfin, comment il se fait qu’une partie de ses effets se soient trouvés dans une de vos malles.

— Toutes ces circonstances, monsieur, sont vraies, repartis-je. Il y a des choses que je n’ai pas dites. Si je les disais, elles seraient à l’avantage de ma cause et feraient paraître encore bien plus étonnante l’accusation qui m’est intentée. Mais il m’est impossible, au moins quant à présent, de prendre sur moi de les mettre au jour. Est-il nécessaire de donner des motifs précis et particuliers