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XXXIV


Ce fut là le terme où vint aboutir une longue suite d’épreuves effrayantes encore dans le passé et dont la perspective eût suffi pour faire reculer de désespoir celui qui aurait eu à les subir une seconde fois. C’était à un prix au-dessus de tous les calculs humains que j’avais acheté ce lieu de repos : soit que l’on considère les efforts qu’il m’avait fallu faire pour franchir les murs de ma prison, soit que l’on passe en revue cette multiplicité d’angoisses et de périls auxquels j’avais été en proie depuis cette époque.

Mais pourquoi appelé-je un lieu de repos celui où j’étais alors ? Hélas ! ce fut pour moi précisément le contraire. Ma première et ma plus importante affaire fut de repasser tous les projets de déguisement que j’avais pu imaginer jusqu’alors, de chercher à tirer tout le parti possible de ce que je venais d’acquérir d’expérience à cet égard, et d’ourdir pour m’envelopper un voile plus impénétrable que jamais. C’était un genre d’effort auquel je ne voyais pas de terme. Dans les cas ordinaires, la poursuite de la police contre un prétendu malfaiteur ne dure qu’un certain temps ; mais ce n’était pas d’après les cas