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Il poursuivit, avec un air d’inquiétude marquée :

« Votre nom de baptême ?

— Caleb.

— Bon dieu ! Est-il possible ?… » Il me conjura, par tout ce qu’il y a de plus sacré au monde, de répondre honnêtement encore à une seule question… « Je n’étais pas… Non, cela n’était pas possible… le même qui avait été autrefois au service de M. Falkland de *** ? »

Je répondis que, quel que pût être l’objet de sa question, je lui dirais la vérité. J’étais celui même dont il parlait.

Comme je prononçais ces mots, le vieillard se leva soudainement. Il était au désespoir que la fortune lui eût été assez contraire pour m’avoir fait trouver devant ses yeux ; j’étais un monstre que la terre gémissait de porter.

Je le suppliai de permettre que je lui expliquasse cette dernière méprise, en ajoutant que, s’il m’écoutait comme il avait déjà fait, je ne doutais pas un moment que ce que j’avais à lui dire ne lui parût tout aussi satisfaisant.

Non, non, non ! Pour rien au monde il ne voudrait laisser à ce point souiller ses oreilles. Ce cas était bien différent de l’autre. Il n’y avait pas de criminel dans l’univers, pas d’assassin aussi abominable qu’un homme capable d’une si horrible récrimination, d’une si noire calomnie contre le plus généreux des maîtres. Rien que ce souvenir mettait le vieillard tout à fait hors de lui-même.

À la fin il se calma assez pour me dire qu’il ne se