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leur avarice ; ils voulaient, pour plus d’une raison, se débarrasser de moi aussitôt qu’ils en auraient la facilité, et dès lors ils avaient pris le parti de me laisser en particulier méditer sur la proposition qu’ils m’avaient faite et d’attendre le résultat de mes réflexions.


XXXIII


Ils ne furent pas plutôt sortis que, jetant les yeux sur le vieillard, je trouvai dans sa physionomie quelque chose d’extrêmement intéressant et vénérable. Sa taille était au-dessus de la moyenne ; on voyait qu’il avait dû être autrefois d’une force extraordinaire, et il était encore très-vert. Il avait beaucoup de cheveux, qui étaient aussi blancs que la neige ; son teint était vif et brillant de santé, malgré les rides qui sillonnaient son front ; il avait l’œil animé, et la bonté se peignait dans toute sa personne. Une habitude de bienveillance et de sensibilité lui avait tenu lieu d’éducation ; on ne remarquait pas dans ses manières la rusticité ordinaire aux gens de sa classe.

Cette vue fit naître aussitôt en moi une foule d’idées sur l’avantage que je pouvais tirer de quelqu’un qui m’avait l’air d’un si brave homme. Il ne fallait