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sister contre moi des preuves aussi palpables. M. Forester répliqua que, dans les actions et la conduite des hommes, la conjecture la plus raisonnable ne se trouvait pas toujours réalisée, et il donna ordre d’apporter mes malles dans la bibliothèque. Les deux premières qu’on ouvrit ne contenaient rien qui pût faire preuve contre moi ; mais dans la troisième on trouva une montre et plusieurs bijoux, qu’on reconnut aussitôt pour appartenir à M. Falkland. Un témoignage aussi décisif en apparence excita parmi tous les assistants une émotion de surprise pénible ; mais personne ne fit paraître autant d’étonnement que M. Falkland. Il aurait dû sembler improbable que j’eusse laissé ainsi les objets volés ; mais on l’expliqua en disant qu’aucune cachette ne pouvait être plus sûre, et M. Forester fit observer que je pouvais bien avoir jugé plus facile de m’approprier les objets en les laissant après moi qu’en les emportant dans ma fuite précipitée.

Je crus alors devoir répondre qu’il était bien extraordinaire que j’eusse indiqué moi-même le lieu où j’avais recelé mon larcin, et je réclamai une interprétation impartiale de ma conduite.

Cette insinuation contre l’impartialité de M. Forester le fit rougir de colère.

« L’impartialité ! jeune homme, dit-il, vous l’obtiendrez de moi assurément. Dieu veuille qu’elle vous soit favorable. Dites tout ce que vous voudrez pour votre défense. Vous espérez nous persuader de votre innocence, parce que vous n’avez pas emporté ces objets ; mais l’argent a disparu : où est-il ?