Page:Godwin - Caleb Williams, II (trad. Pichot).djvu/133

Cette page a été validée par deux contributeurs.


XXXI


La seule règle que je me prescrivis pour traverser la forêt, ce fut de suivre une direction aussi opposée que possible aux routes qui conduisaient au lieu de mon ancienne prison. Après environ deux heures de marche, j’arrivai aux limites de ce canton agreste, et je gagnai la partie du pays qui est enclose et cultivée. Là, je m’assis au bord d’un ruisseau, et, tirant de ma poche un morceau de pain que j’avais emporté avec moi, je pris un peu de repos et de nourriture. Je restai quelques instants dans cet endroit à méditer sur la marche que j’adopterais, et je me trouvai, comme je l’avais déjà été dans une situation presque pareille, disposé à fixer mon choix sur la capitale, qui me semblait, outre ses autres avantages, m’offrir plus de moyens de me cacher que tout autre lieu. Pendant que je faisais ces réflexions, je vis passer deux paysans à peu de distance de moi, et je leur demandai la route de Londres. Je compris, d’après leur indication, que le chemin le plus court était de repasser une partie du bois, et qu’alors il me faudrait nécessairement me rapprocher beaucoup plus que je ne le désirais du chef-lieu du comté. Je ne regardai pas toutefois