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moment, qu’il n’avait pu s’empêcher de s’arrêter pour m’observer ; qu’il m’avait parlé deux ou trois fois sans que je lui eusse fait aucune réponse, et que tout ce qu’il avait pu tirer de moi à la fin, c’est que j’étais la plus malheureuse créature du monde.

Il ajouta de plus que, le soir du même jour, M. Falkland l’avait fait venir dans la petite pièce attenant à la bibliothèque, et lui avait commandé d’apporter un marteau et des clous ; qu’ensuite M. Falkland lui avait fait voir un coffre qui était dans la chambre, dont la serrure et la garniture étaient brisées, et lui avait recommandé de bien observer et de se rappeler ce qu’il voyait, mais de n’en parler à personne. Robert n’avait pas su quel était l’objet des ordres de son maître ; mais il n’avait pas de doute que la garniture du coffre n’eût été rompue et arrachée par l’effet d’un ciseau ou de quelque autre instrument pareil qu’on avait glissé sous le couvercle de ce coffre pour le forcer.

M. Forester fit observer, sur cette déposition, qu’à l’égard de ce qui s’était passé le jour du feu, elle paraissait, à la vérité, fournir de puissants motifs de soupçon, et que ce soupçon se trouvait singulièrement fortifié par les circonstances survenues depuis ; que, néanmoins, comme il ne fallait négliger aucun des moyens propres à éclaircir la vérité, il proposait de visiter mes malles, pour voir si on n’y trouverait pas d’indices propres à confirmer l’accusation ; M. Falkland traita fort légèrement cette idée, en disant que, si j’étais le voleur, j’avais sans doute pris mes précautions pour ne pas laisser sub-