le poison de leur société. En voyant déployer dans une telle profession une énergie et une habileté extraordinaires, je ne pouvais m’empêcher de réfléchir avec quel avantage tant d’admirables qualités pourraient se montrer sur le grand théâtre des affaires humaines ; tandis que dans la direction qui leur était donnée elles se trouvaient prostituées à des usages diamétralement opposés aux premiers intérêts de la société. En choisissant un tel genre de vie, ces hommes ne pèchent pas moins contre leur propre intérêt que contre le bien général. Celui qui expose ou sacrifie sa vie pour la cause publique en trouve la récompense dans le témoignage d’une conscience satisfaite ; mais ceux qui se dévouent follement à braver les précautions indispensables, quoique cruellement exagérées, que tout gouvernement est obligé de prendre pour le maintien des propriétés, en même temps qu’ils jettent l’alarme et le trouble dans la société tout entière, montrent, à l’égard de leur intérêt personnel, autant d’imprudence et de mépris d’eux-mêmes qu’un homme qui s’aviserait de se placer comme point de mire devant une troupe d’arquebusiers.
Cette manière d’envisager la chose me détermina non-seulement à ne pas m’associer pour mon propre compte à leurs entreprises, mais encore à faire tous mes efforts, par reconnaissance des services qu’ils m’avaient rendus, pour les détacher, s’il était possible, d’un genre de vie dont les plus grands maux retombaient sur eux-mêmes. Les remontrances que je leur fis à ce sujet furent diversement