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qu’on découvrait de temps en temps dans les différentes parties de cette habitation étaient regardées avec effroi par les paysans des environs comme des feux surnaturels, et si quelquefois le tintamarre d’une orgie venait à frapper leurs oreilles, ils ne doutaient pas que ce ne fût un carnaval de démons. Malgré tous ces avantages, les voleurs ne se hasardaient à y séjourner que par intervalles ; quelquefois ils s’absentaient pendant des mois entiers, et allaient demeurer dans quelque autre coin du pays. Tantôt la vieille les accompagnait dans ces émigrations, tantôt elle restait ; mais, dans tous les cas, son déplacement avait lieu ou plus tôt ou plus tard que le leur : de manière que l’observateur le plus subtil aurait eu peine à remarquer aucune liaison entre les époques de son retour et le renouvellement des bruits de vols dans le pays. Quant aux fêtes infernales, les paysans s’imaginaient qu’elles avaient lieu indifféremment, que la sorcière fût présente ou absente.


XXIX


J’étais dans cette situation, lorsqu’un jour il se passa, dans notre demeure, une scène qui attira malgré moi mon attention. Deux de nos gens avaient été envoyés à une ville à quelque distance de là