Page:Godefroy - Dictionnaire de l'ancienne langue française, 1892, T07, REME-TRAI.djvu/335

Cette page a été validée par deux contributeurs.
SAR SAS SAT 321

au sens d’être brisé dans l’exemple suivant :

L’escu li fraint, l’auberc li fait sartir.

(G. d’Handstone, Richel. 25516, fo 22 vo.)

— Sarti, part, passé et adj., pris au sens figuré de brisé, usé :

Tant jougleor, tante putain sartie
Qui tost auroient grant borse desomplie.

(Gaydon, 4814, A. P.)

SARTOR, sartre, s. m., couturier, tailleur :

Jaquemins li sarterez. (1305, li Cahiers de la parodie Saint Hylaire, fo 1 ro, Cah. de la taille, 1301-1318, Arch. mun. Reims.)

Jehan Mosset, sartre du lieu d’Espali lez la ville du Puy Nostre Dame en Vellay. (1441, Arch. JJ 176, pièce 60.)

Mathelin Alboin sartre ou cousturier dudit lieu de Montesquieu. (1454, Arch. JJ 191, pièce 49.)

Sartor, un cousturier, sartre. (Ch. Estienne, Dict. latin., éd. 1552.)

SARTRAIN, s. m., atelier d’un couvent où se confectionnaient et se réparaient les frocs, les coules, les scapulaires :

Les trois varlets du sartrain. (Charg. des officiers claustraux envers l’abbaye de S. Den.)

1. SARTRE, cas sujet, voir Sartor.

2. SARTRE, s. f., espèce de poisson, peut-être la sargue :

Quant chiens de mer vienent poignant,
Et hones raiz de l’Archant,
Hados, et oistres, et hennons.
Et congres qui sont gros et lons.
Sartres et brèmes et dorees,
Barbues grasses, plaiz lees.
Et bons liez au fenuel rostiz,
La gent charnaige ont departlz.

(Bataille de Quaresme, Richel, 19152, Fo 92d.)

Si l’en ont il en l’arbre escriptes
A son coutel lettres petites
Desus la rue en lieu de chartre
Qui ne valurent une sartre.

(Rose, ms. Corsini, fo 89o.)

Item y trouverez (au Canada) en juin, juillet et août force maquereaux, mulets, bars, sartres, grosses anguilles, et autres poissons. (Marc Lescarbot, Hist. de la Nouv. France, 1612, éd. Tross, 1866, t. II, p. 348.)

SARTRERIE, s. f., boutique de tailleur :

Sartrerie, locus sarciendi. (Gloss. lat.-fr.. Duc, Sartorium.)

Sartorium, sartrerie. (Gloss. lat.-fr. ap. Ph. Labbe, Etymologies de plusieurs mots françois, p. 524, éd. 1661.)

SARVIGNIEN, s. m., cep de vigne blanche, dont les feuilles sont presque rondes :

Le meslier autrement sarvinien rapporte beaucoup. (Liebault, Mais. rust., p. 696, éd. 1597.)


Sarvinien, m. A fruit full white vine whose leafe is almost round. (Cotgr., 1611.)

Bourgogne, servinien, cep de vigne ; Doubs, savoignin, savignien, sarvagnin, espèce de cépage de vin blanc, raisin blanc et acre ; Suisse rom., salvagnein, servagnein, cépage de vin rouge.

SAS, voir Saus.

SASE, voir Sage.

SASFLEUR, s. m., couperose ?

Recolice, fustee, sasfleur, savon, souffre. (1349, Ord., II, 320.)

SASIABLE, voir Satiable.

SASICHE, s. f., propriété ?

Dessouz ladite melee vers Mouse, ledit Huweslion doit avoir sa voye d’alleir en son sasiche desseurdit et de celle melee en aval jusquez audit sasiche, de costet vers Mouse… nus n’i porat par couvent faire curreir ne aultre chose faire. (21 mai 1333, Charte de la cité, ap. Bormans, Gloss. des drap. liég., Doc. inéd., III.)

SASIER, voir Staier.

SASIRON, voir Sausseron.

SASOIRE, voir Sassoire.

SASSEMENT, s. m., action de tamiser :

Cernimiento, criblement. sassement.(Thresor des trois langues, éd. 1617.)

SASSET, s. m., diminutif de sas, petit tamis :

Va ton gruis et ton sasset querre,
Et donne a mangier aux pourciaulx.

(E. Deschamps, Poés., Richel. 840, fo 378b.)

On passe en un sasset plein de trous la pressure. (Grevin, Contrepoisons de Nicandre, p. 75, éd. 1567.)

Sas. Délié, cribleur… Le dim. Sasset. (De La Porte, Epith., éd. 1580.)

Sasset, m. Cedacillo. (Oudin, 1660.)

SASSEURE, sassure, s. f., criblure :

Sasseures, f. Siftings ; or, that which remains in a sive, range, or searce, after that the meale hath heen sifted from it. (Cotgr., 1611.)

Cernimiento, criblement, sassement, sassure. (Thresor des trois langues, éd. 1617.)

Sasseures, f. Cerniduras, carandaduras.

(C. Oudin, 1660.)

SASSIER, voir Satier.

SASSOIRE, sassouere, sasoire, s. f., tamis :

Sasoire et ratoire et plume, se no l’as.

(Dit de Menage, 151, Trébutien.)

Au saas i faut la sassouere,
Et si i faut la tournoere
Au pain tourner.

(Le Ditté des choses qui faillent en ménage, Jub., Nouv. Rec., II, 167.)

SASSOUERE, voir Sassoire.



SASSURE, voir Sasseure.

SATALLIER, s. m., satellite, garde :

Finallement ils luy firent confesser qu’il avoit emblé ung calice, et le lendemain le fit, il quy dépose, par ses satalliers, sans desliberation de conseil mesner, pendre et estrangler. (1483, Interrog. de Raulin Cochinart, Arch. législ. de Reims, 2o p., I, 824, Doc. inéd.)

SATANAN, voir Satanas.

SATANAS, -thanas, satenas, sathe., satre., satanan, s. m., diable, démon, être malfaisant comme un démon :

Qua el enfern donc asallit
Fort satanan a lo venquet.

(Pass., 373, Koschwitz.)

Lo satanas dol en a grand.

(Ib., 489.)

L’anme de lui en portet satanas.

(Rol., 1268, Müller.)

Diex, dist, gare, que fera ore cis las,
Qant mou enfant ai mis au sathanas
Que si le vielt destruire.

(Enf. Vivien, ms. Boulogne, t. 515, p. 32, Wahlund.)

Et dist Garin : Dex que fere je las
Qant mon enfant jugent ci satenas !

(Ib., Richel. 1449.)

Adam menga du fruit : ce fu ly satenas !

(Chev. au cygne, 12101, Reiff.)

Li damoisel se plaingnent entre les sathenas.

(Aye d’Avign., 3247, A. P.)

Jhesu qi en enfer entra.
Qui, voiant toz les sathenas.
Brisa enfer et les portax.

(Rom. de S. Fanuel, 368, Chabaneau.)

Fuiez, fet ele, sathanas.

(Des Perdrix, Montaiglon, Fabl., I, 190.)

Tout ce fesoit li satenas.

(Du Vilain qui donna son ame au deable, ib., VI, 36.)

Ja n’ert qui l’en secore entre les satenas
Qui sont noir comme more.

(Chantepleure, Richel. 19152, fo 103c.)

— Adj., satanique, diabolique ;

Forte fu la bataille de l’enfant Helyas,
El dou fel Mauquaré, qui cuer ot satrenas.

(Chev. au cygne, 1862, Reiff.)

Satanas se dit encore aujourd’hui dans le style familier.

SATANIN, sath., s. m., satin :

Les officiers, panetiers, eschansons, varles tranchans, vestus de deux satanins palles de blanc et tenue. (Gr. Chron. de Fr., Charles V, LVIII, P. Paris.)

Item deux brayers de satanin, a troys boucles et ung mordant d’or chascun. (1380, Invent, du mobil. de Charl. V, no 786, Labarte.)

Satanin azur. (1387, Nouv. Compt. de l’argenter., p. 323, Douet d’Arcq.)

Un journal a l’ordinaire de Romme, couvert d’une chemise de sathanin. (1400, Pièces relat. au règ. de Ch. VI, I, 323, Douet d’Arcq.)

Un petit livret de sathanin ynde. (Ib., p. 324.)

Cf. Satarin.


T. VIII. 41