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texte avant l’impression, mais ne suis-je pas en droit de dire que M. Delboulle, avant de critiquer ma définition, aurait bien pu vérifier de son côté ?

Pour les autres corrections de cet article, on verra aux Errata celles que j’ai crues admissibles.

Pour la lettre s voici les corrections que je ne puis accepter :

Sommarer est exactement défini par « labourer ». J’aurais seulement pu ajouter : « légèrement ».

Scille. Rien ne me prouve que ce mot désigne une alouette.

Sauniere est bien défini par saloir, dont le premier sens (Cf. Littré) est : « vaisseau de bois servant à mettre le sel ».

Souvercle signifie bien « excès » comme je l’ai dit d’après l’éditeur de la Règle du Temple qui le rapporte à l’ital. soverchio. Il faut rapprocher ce passage du paragraphe 18 où il est dit :

« Celes robes doivent estre sans nule superfluité et sans nul orgueill… Et le drapier se doit estudiousement porveoir et « penser d’avoir le guerredon de Dieu en toutes les choses devant dites…

« Li drapiers se doit prendre garde que se aucuns… ou tiegne chose que il ne doie, que il le face laissier et rendre la « ou il doit, quar tuit li frère doivent estre contre celui qui fait ou dit desraisons.

« Pour soler, la définition « rouler, pousser » me semble douteuse.

Soredent, trissyllabique, avec sa variante à forme méridionale sobredent, n’est, ni phonétiquement ni étymologiquement, le même mot que surdent, dissyllabique. D’ailleurs M. Delboulle ne change rien à ma définition.

Sevrable, mot de formation populaire, peut être synonyme de séparable, mais il ne paraît pas l’être dans l’exemple unique que je cite, où il est opposé à certe.

L’observation de M. Delboulle pour l’exemple de sauterel tiré de Courval-Sonnet est juste; mais il aurait pu voir qu’il n’y a là qu’une simple transposition, produit d’une distraction des compositeurs. L’exemple de Courval est en effet le dernier de la première subdivision, page 330, et il devrait se trouver le premier de la page 331.

Sourdain a été donné, avec un point d’interrogation, t. IV, p. 661b. sous la forme jourdain, mais c’est une mauvaise lecture d’Augustin Thierry, comme je le ferai voir à l’erratum général : le bon texte est sourdain.

Pour strindant, le wallon moderne strendan, avare, écarte la définition « criard » proposée par M. Delboulle, sans autre motif probablement que son rapport homonymique avec strident.

M. Delboulle me signale pour le Supplément une liste de mots assez longue. Celui que j’ai rangé, que j’ai maintenu et que je maintiendrai jusqu’au parachévement de l’œuvre dans mon « bataillon sacré » ne peut douter de ma reconnaissance. Comme il a lu toutes les épreuves du Dictionnaire, s’il m’avait signalé opportunément ces regrettables omissions, je me serais hâté de l’en remercier, en insérant tout ce qui avait de la valeur, comme j’ai été heureux d’insérer, avec choix, ses précédentes et très obligeantes communications relatives au Dictionnaire de l’ancienne langue française, en en réservant un certain nombre pour mon Dictionnaire de la langue du seizième siècle et pour la Seconde partie, celle — je l’ai dit plusieurs fois, — où seront étudiés tous les mots conservés.

J’ai encore à mentionner un autre critique qui a bien voulu s’occuper du Dictionnaire. M. l’abbé Espagnolle, dans ses Origines du vieux français, a essayé de donner la clef des mots qui me sont restés inintelligibles ou de traduire autrement certains exemples. Malheureusement le système de ce vénérable ecclésiastique pèche essentiellement par la base, et, dans son travail, je n’ai rien trouvé qui fut de nature à instruire mes lecteurs. Ce serait perdre leur temps comme le mien que de discuter ses assertions. Pour l’appréciation de son ouvrage, je me contenterai de renvoyer à celle qu’en ont donnée dans la Romania et ailleurs les maîtres de cette «école néo-latine » dont M. l’abbé Espagnolle voudrait ébranler l’autorité.