et d’épargner par là à mon père et à moi la douleur de ce qui arriva par la suite. Cependant il vint chez Rozette, sa suivante lui avait plu. Je lui demandai comment il avait appris où j’étais et pourquoi il venait, si mon père n’avait point d’inquiétude de mon absence. Il répondit à tout très juste : m’assura qu’il avait fait mes affaires au mieux, qu’il avait dit que j’étais rentré à quatre heures, et que, sur les dix heures du matin, Mme la comtesse de Mornac m’avait envoyé prier de passer à sa toilette et que probablement, à ce que le valet de chambre lui avait dit, j 'y passerais la journée et serais d’un grand souper à Auteuil ; que mon père avait diné chez le premier président et qu’il devait y assister à un Conseil pour une affaire survenue de la part de la Cour. Je fus content de ce qu’il me disait, je le regardai comme un domestique impayable, il reçut un louis pour ses soins, et ordre de m’attendre à cinq heures du matin à la porte du jardin où je lui promis de me trouver. Le scélérat me remercia, me donna même quelques avis, et fut dans le moment trouver mon père. Ce qui est véritable, c’est que Lafleur ne m’avait pas dit un mot de vrai ; que mon père avait été dans une impatience cruelle, et qu’il me cherchait comme vous avez vu.
J’ai trouvé un grand nombre de domestiques coquins, méchants, ornés de toutes les qualités de leur état, mais je ne croyais pas que quelqu’un fût ainsi méchant sans intrigue ni profit. Il était Bas-Normand, et je ne suis point surpris de sa conduite. Arrivé chez mon père, il lui dit qu’il ne savait pas précisément le lieu de ma retraite mais qu’on l’avait assuré que j’étais avec une fille nommée Rozette dont j’étais passionné et qui me ruinait, que je devais l’enlever, pour l’épouser en pays étrangers. Pour confirmer son avis il montra le signalement de Rozette et le