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L’après-midi se passa encore en badineries. Les amants ne s’ennuient jamais, le temps fuit, et leurs plaisirs renaissent.

Cependant on était fort inquiet chez mon père. Une affaire arrivée à un jeune homme de famille dans une maison de jeu, faisait appréhender quelque chose de semblable à mon égard. Mon absence était d’autant plus singulière, que je n’avais encore donné aucune occasion au reproche que l’on pouvait ici me faire. Un père tendre craint tout pour un fils dont il n’a jamais reçu aucune occasion de craindre. Un ami, nouvelliste de profession, et qui racontait ordinairement toutes les anecdotes de Paris, fut chargé de s’informer si on n’avait pas entendu parler de moi. Il s’acquitta de sa commission. On lui dit dans le café par devant lequel j’avais passé, que dans le n° 71, qui courait à toute bride, on avait aperçu un jeune homme, et qu’au train dont il allait, il y avait quelque partie fine au bout de la course. Quoiqu’on ne put faire le portrait de celui qui était dans le fiacre, cet ami soupçonna à tout hasard que c’était moi, le rapporta à mon père qui en fut persuadé.

Sans perdre de temps, mon père et son ami montent en carrosse, vont de place en place demander le n° 71, et ne le rencontrèrent nulle part ; il était allé à Saint-Cloud, d’où il ne devait revenir que le soir. Un embarras ne va jamais sans un autre, et les inconvénients font une chaine. La ressource de mon père fut d’attendre que le fiacre fut de retour à son logis, on le lui avait enseigné au bureau.

Lafleur, dès le matin, avait été chargé de me déterrer, il se doutait du lieu de ma retraite et s’en inquiétait peu sachant que j’étais chez quelque amie. Il avait reçu un louis pour les frais de la recherche, il l’employa à se divertir au lieu de venir me donner avis ile ce qui se passait