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seul avec Rozette : ils sont bien occupés, me dit-elle, et nous, cher conseiller, resterons-nous dans l’oisiveté ? Elle est la mère de tout vice. Elle se leva, se mit sur mes genoux et, en me tenant le visage entre ses deux mains, elle m’embrassait légèrement et dérobait des baisers sur ma bouche, qu’elle enflammait par ce manège. Le feu était partout. Après les réjouissances que nous avions faites chez elle, elle en parut surprise. Sa première idée fut d’en profiter. Encore une fleur, dit-elle, en la touchant avec sensualité, je croyais avoir tout moissonné ? Qu’elle est fraiche, que je la mette à mon côté, elle l’y mit en effet, et cette fleur, comme enchantée de se trouver si bien placée, se préparait à lui prodiguer ses trésors ; déjà la belle lui avait fait part des siens. Alors Rozette, par un esprit d’économie, fit un pas en arrière et me dit qu’elle réservait pour la nuit un cadeau qu’elle me voulait faire ; elle me remit mon bouquet et m’exhorta à le conserver jusqu’à ce temps. On se remit à table et, les liqueurs finies, nous remontâmes Rozette, et moi, dans mon carrosse et fûmes prendre du repos. Nos autres convives ne jugèrent pas à propos d’en faire autant et continuèrent jusqu’au matin à se divertir. Je passai la nuit auprès de Rozette, elle se dédommagea amplement de la diète qu’elle avait été forcée de garder pendant son séjour de retraite et, malgré ce que j’avais exécuté pendant la journée, je fus assez heureux de la satisfaire.

Rozette, au sortir du couvent, était un protée, elle se changeait entre mes bras ; elle était lion pour le feu, serpent pour l’art de s’insinuer, onde et fleuve pour se dérober, et finissait par être une mortelle au-dessus de toutes les déesses.

Enfin, après avoir passé une nuit des plus voluptueuses, je