Page:Godard d’Aucour - Thémidore, 1908.djvu/101

Cette page n’a pas encore été corrigée

son nom, sa qualité, qui il est. Nous rentrons. Quelle fut notre surprise lorsque nous reconnûmes le coquin de Lafleur. J’oubliai à sa vue tous mes chagrins et j’allais le tuer dans ma fureur, si on ne m’eût arrêté le bras. Je racontai sincèrement que c’était lui qui était cause de mon malheur ; il fut saisi, lié, garroté, trainé en prison, de là au château de Bicêtre où il expiera amplement ses perfidies.

Rozette fut conduite à Sainte-Pélagie, par l’exempt et le guet, qui eurent lieu d’être satisfaits de la générosité de mon père. Le commissaire monta avec nous dans le carrosse. On le remit chez lui.

Arrivé à la maison, je passai au travers de tous les domestiques qui étaient inquiets de moi et se réjouirent en me voyant. Il n’y en a pas un qui ne me soit attaché, mon principe fut toujours de traiter avec humanité des gens au-dessus desquels nous ne nous trouvons que par hasard. Accablé de chagrin et de lassitude, je me retirai dans ma chambre et, m’étant jeté sur mon lit, je m’endormis dans les bras de l’inquiétude. Je ne rêvai que de Rozette. Une maitresse heureuse enflamme, enchante un amant, une maitresse infortunée lui devient plus chère et plus adorable. Vous saurez, cher marquis, dans la seconde partie de ces Mémoires, ce qui arriva à Rozette ; sa situation fut extrêmement dure, et la description en a couté des soupirs à mon cœur lorsqu’elle me l’a faite.

Après avoir sommeillé, ou plutôt après avoir été assoupi assez longtemps, je sortis de cet état et songeai aux moyens de délivrer ma chère amie.

Deux heures étaient sonnées et le diner servi, on vint m’en avertir ; comme je tardais, l’ami nouvelliste monta à ma chambre et, après un compliment assez fade sur mon retour,