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INTRODUCTION


cet étal de choses ? Les prétentions de ce petit livre sont, comme on va le voir, 1res modestes ; railleur s’est efforcé de se rendre bien compte des limites de son droit el de son pouvoir, et de ne rien entreprendre au delà, de l’un et de l’autre.

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C’est une utopie de croire qu’on puisse doter la philosophie d’un langage artiliciellemcnl composé. L’usage seul esl souverain en fait de langage ; sur ce point, l’aphorisme d’Horace esl encore plus vrai de la langue scientifique ou philosophique que de la langue vulgaire. Car la liberté est le principe même de toute méthode scientifique. Il n’y a pas d’autorité légitime en science, en dehors de la raison, el de la raison individuelle. L’Académie française peut légiférer, et ses lois sonl accueillies avec un respect relatif, quand il s’agit de la langue vulgaire ; mais on ne saurait admettre un langage officiel en science, pas plus qu’une science officielle. H n’y a au monde aucune autorité, ni individuelle, ni collective, qui ail ni le pouvoir, ni le droit, d’imposer un vocabulaire.

Et si, par impossible, on y réussissait, il ne faudrait pas s’applaudir d’un tel résultat. On aurait fail ainsi, non une science, mais une scolasliquc. Quand on étudie d’un peu près le vocabulaire de la Scolasliquc, on s’aperçoit qu’il était beaucoup plus riche, plus précis et plus systématique que le nôtre. Les philosophes du moyen Age n’observaient guère, mais ils excellaient iv faire des classifications de concepts ; leur science était vaine, car elle était toute verbale, mais c’était un art ingénieux de manier cl de combiner le genre, Yespcee et la différence. Cet exemple