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INTRODUCTION


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La langue spéciale que parlent les philosophes n’est pas la moindre difficulté des études et des recherches philosophiques. Difficulté pour le profane, à qui des idées souvent très simples sont rendues inaccessibles par la forme ésotérique dont elles sont enveloppées ; difficulté pour l’élève et pour l’étudiant, obligés de subir une sorte d’initiation préalable ; difficulté pour l’écrivain, qui n’a a son service qu’une langue pauvre, peu maniable, équivoque et imprécise. Difficulté surtout pour le chercheur, car les idées abstraites se séparent du cadre des mois plus malaisément que les faits, et, parmi les faits, les données de la conscience, plus fuyantes et-plus fondues les unes dans les autres que celles des sens, font moins de résistance aux classifications arbitraires et artificielles qu’on leur impose pour les nommer. Les idoles de théâtre procèdent le plus souvent des idoles du forum. Il serait inexact de dire que toutes les discussions philosophiques sont des querelles de mots ; mais il est vrai que les querelles de mois constituent, dans la vie d’un philosophe, une perle considérable de temps et d’efforts.

Dans quelle mesure est-il possible de remédier à