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Ces populations d’hommes d’autrefois, ces tribus dont les vestiges se retrouvent préférablement au bord des mers, des rivières, des lacs, au sein même des marais, et qui semblent avoir eu pour le voisinage des eaux un attrait tout particulier, doivent paraître bien grossières assurément ; toutefois on ne peut leur refuser ni les instincts d’un certain degré de sociabilité, ni la puissance de quelques conceptions qui ne sont pas dénuées d’énergie, bien qu’elles le soient totalement de beauté. Les arts n’étaient évidemment pas l’affaire de ces peuples, à en juger d’ailleurs par les dessins bien misérables que l’on connaît d’eux.

Des poteries ornementées sont trouvées assez souvent dans les dolmens. Les lignes spirales simples, doubles ou même triples s’y reproduisent presque constamment. Il est même rare qu’il s’y présente autre chose, à part quelques dentelures. L’aspect de ces arabesques rappelle complètement les compositions dont les indigènes américains embellissent encore leurs gourdes. Ces spirales, trait principal du goût finnique, et au delà desquelles une invention stérile n’a pu guère aller, se voient non seulement sur les vases, mais sur certains monuments architecturaux qui, faisant exception à la règle générale, portent quelques traces de taille. Il est vraisemblable que ces constructions appartiennent aux époques les plus récentes, à celles où les aborigènes ont eu à leur disposition soit les instruments, soit même le concours de quelques Celtes, circonstance très ordinaire dans les temps de transition. Un grand dolmen, à New-Grange, dans le comté irlandais de Meath, est non seulement orné de lignes spirales, il a encore des entrées en ogives. Un autre, près de Dowth, est même embelli de quelques croix inscrites dans des cercles. C’est le nec plus ultra. À Gavr-Innis, près de Lokmariaker, M. Mérimée a observé des sculptures ou plutôt des gravures du même genre. Il existe aussi, au musée de Cluny, un os sur lequel a été entaillée assez profondément l’image d’un cheval. Tout cela est fort mal fait, et sans rien qui révèle une imagination supérieure à l’exécution, observation que l’on a si souvent lieu de faire dans les œuvres les plus mauvaises des métis mélaniens. Encore n’est-il pas bien