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mais très fréquemment constaté chez les nations américaines.

Passant à un autre genre d’observations, on trouve comme objets remarquables certains tumulus de terre qui, par la rudesse de leur construction, n’ont rien de commun avec les sépultures arianes de la haute Asie, pas plus qu’avec ces tombeaux somptueux que l’on peut observer encore dans la Grèce, dans la Troade, dans la Lydie, dans la Palestine, et qui témoignent, sinon d’un goût artistique très raffiné chez leurs constructeurs, du moins d’une haute conception de ce que sont la grandeur et la majesté (1)[1]. Ceux dont il s’agit ici ne consistent, comme il vient d’être dit, qu’en simples accumulations de glaise ou de terre crayeuse, suivant la qualité du sol qui les porte. Cette enveloppe renferme des cadavres non brûlés, ayant à leurs côtés quelques tas de cendres (2)[2]. Souvent le corps paraît avoir été déposé sur un lit de branchages. Cette circonstance rappelle le fagot sépulcral des aborigènes de la Chine. Ce sont là des sépultures bien élémentaires, bien sauvages. Elles ont été rencontrées un peu partout au sein des régions européennes. Or des constructions toutes semblables, offrant les mêmes particularités, couvrent également la vallée supérieure du Mississipi. M. E.-G. Squier affirme que les squelettes



(1) Von Prokesch-Osten, Kleine Schriften, die Tumuli der Alten, t. V, p. 317.

(2) On considère généralement l’absence d’incinération des os comme un des caractères auxquels se peuvent reconnaître les sépultures finniques, car les Celtes et les Slaves brûlaient leurs morts. L’observation est juste, elle ne saurait néanmoins servir à fixer l’âge du monument où l’on trouve à l’appliquer. M. Troyon veut bien me communiquer à cet égard une opinion que je crois devoir consigner ici : « Je crois, » m’écrivait ce savant, « qu’on peut poser en fait que les premiers habitants de l’Europe ont inhumé leurs morts sans les brûler. Plus tard, dans l’âge de bronze, l’ustion est générale, mais bien des familles de la race primitive ont poursuivi leur ancien mode de sépulture. C’est ainsi que, dans le canton de Vaud, on rencontre tous les instruments en bronze, des tumuli, anneaux, poignards, celts, épingles, etc., dans des tombes construites sous la surface du sol, auprès de squelettes reployés ou étendus sur le dos. Le même fait se retrouve en quelques parties de l’Allemagne et de l’Angleterre, et on le remarquera dans bien d’autres contrées quand les observations seront complètes. »

  1. (1) Von Prokesch-Osten, Kleine Schriften, die Tumuli der Alten, t. V, p. 317.
  2. (2) On considère généralement l’absence d’incinération des os comme un des caractères auxquels se peuvent reconnaître les sépultures finniques, car les Celtes et les Slaves brûlaient leurs morts. L’observation est juste, elle ne saurait néanmoins servir à fixer l’âge du monument où l’on trouve à l’appliquer. M. Troyon veut bien me communiquer à cet égard une opinion que je crois devoir consigner ici : « Je crois, » m’écrivait ce savant, « qu’on peut poser en fait que les premiers habitants de l’Europe ont inhumé leurs morts sans les brûler. Plus tard, dans l’âge de bronze, l’ustion est générale, mais bien des familles de la race primitive ont poursuivi leur ancien mode de sépulture. C’est ainsi que, dans le canton de Vaud, on rencontre tous les instruments en bronze, des tumuli, anneaux, poignards, celts, épingles, etc., dans des tombes construites sous la surface du sol, auprès de squelettes reployés ou étendus sur le dos. Le même fait se retrouve en quelques parties de l’Allemagne et de l’Angleterre, et on le remarquera dans bien d’autres contrées quand les observations seront complètes. »