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foncièrement inadmissible pour bien d’autres motifs (1)[1]. Entre l’âge de bronze et l’âge de fer, il n’y a de différence que la plus grande variété des matières employées et la perfection croissante du travail. La pensée dirigeante ne change pas ; elle se continue, se modifie, se raffine, passe du bien au mieux, mais en se maintenant dans les mêmes données. Tout au contraire, entre les productions de l’âge de pierre et celles de l’âge de bronze, on relève, au premier coup d’œil, les contrastes les plus frappants ; pas de transition des unes aux autres, quant à l’essentiel : le sentiment créateur se transforme du tout au tout. Les instincts, les besoins auxquels il est satisfait, ne se correspondent pas. Donc l’âge de pierre et l’âge de bronze ne sont point dans les mêmes rapports de cohésion où ce dernier se trouve avec l’âge de fer (2)[2]. Dans le premier cas, il y a passage d’une race à une autre, tandis que, dans le second, il n’y a qu’un simple progrès au sein de races, sinon complètement identiques, du moins très près parentes. Or il n’est pas douteux que les Slaves sont établis en Europe depuis quatre mille ans au moins. D’autre part, les Celtes combattaient sur la Garonne au dix-huitième siècle avant notre ère. Nous voilà donc arrivés pied à pied à cette conviction, résultat mathématique de tout ce qui précède : les monuments de l’âge de pierre sont antérieurs, quant à leur style, à l’an 2000 avant J.-C. ; la race particulière qui les a construits occupait les



(1) Keferstein, Ansichten, t. I, p. 451 : « Si l’on observe la marche de la science et de l’art en Europe, on n’aperçoit nulle part un développement graduel, mais bien une sorte de fluctuation, et la condition des choses s’élève ou s’abaisse comme les flots de la mer. Certaines circonstances amènent un progrès, d’autres une déchéance. Il est impossible de découvrir aucune trace du passage des peuples complètement sauvages à l’état de bergers et de chasseurs, puis d’habitants sédentaires, puis enfin d’agriculteurs et d’artisans. Si haut que nous remontions dans les temps primitifs, au delà des périodes héroïques, nous trouvons que les nations sédentaires et sociables ont été, de tout temps, pourvues de ce caractère. » — J’ai eu occasion, à la fin du deuxième livre de cet ouvrage, de démontrer l’exactitude de cette assertion ; comme elle va à l’encontre des opinions vulgaires, je ne me lasse pas de l’appuyer de témoignages imposants.

(2) Wormsaae, The Primeval Antiquities of Denmark, p. 124 et seqq.


  1. (1) Keferstein, Ansichten, t. I, p. 451 : « Si l’on observe la marche de la science et de l’art en Europe, on n’aperçoit nulle part un développement graduel, mais bien une sorte de fluctuation, et la condition des choses s’élève ou s’abaisse comme les flots de la mer. Certaines circonstances amènent un progrès, d’autres une déchéance. Il est impossible de découvrir aucune trace du passage des peuples complètement sauvages à l’état de bergers et de chasseurs, puis d’habitants sédentaires, puis enfin d’agriculteurs et d’artisans. Si haut que nous remontions dans les temps primitifs, au delà des périodes héroïques, nous trouvons que les nations sédentaires et sociables ont été, de tout temps, pourvues de ce caractère. » — J’ai eu occasion, à la fin du deuxième livre de cet ouvrage, de démontrer l’exactitude de cette assertion ; comme elle va à l’encontre des opinions vulgaires, je ne me lasse pas de l’appuyer de témoignages imposants.
  2. (2) Wormsaae, The Primeval Antiquities of Denmark, p. 124 et seqq.