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primitives, ou de celles qui sont sporadiques, ou de celles qui sont répandues partout.

Celles qui sont sporadiques accusent un degré d’industrie, de connaissances techniques et de raffinement social fort supérieur à celles qui occupent le plus vaste espace. Tandis que ces dernières ne montrent qu’exceptionnellement la trace de l’emploi des instruments de métal, les autres offrent deux époques où le bronze, puis le fer, se présentent sous les formes les plus habilement variées ; et ces formes, appliquées comme elles le sont, ne peuvent pas laisser le moindre doute qu’elles n’aient été la propriété ici des Celtes, là des Slaves ; car le témoignage de la littérature classique exclut toute hésitation.

Conséquemment, puisque les Celtes et les Slaves sont d’ailleurs les derniers propriétaires connus de la terre européenne antérieurement au huitième siècle qui précéda notre ère, les deux périodes appelées par d’habiles archéologues les âges de bronze et de fer s’appliquent aussi à ces peuples. Elles embrassent les derniers temps de l’antiquité primordiale de nos contrées, et il faut reporter par delà leurs limites une époque plus ancienne, justement qualifiée d’âge de pierre par les mêmes classificateurs (1)[1]. C’est à celle-là qu’appartiennent les monuments objets de notre étude.

Un point subsiste encore qui pourrait sembler obscur. L’habitude enracinée de ne rien apercevoir en Europe avant les Celtes et les Slaves peut induire certains esprits à se persuader que les trois âges de pierre, de bronze et de fer ne marquent que des gradations dans la culture des mêmes races. Ce seraient les aïeux encore sauvages des habiles mineurs, des artisans industrieux dont maintes découvertes récentes font admirer les œuvres, qui auraient produit les monuments bruts de la plus lointaine période. On s’expliquerait tant de barbarie par un état d’enfance sociale, encore ignorant des ressources techniques créées plus tard.

Une objection sans réplique renverse cette hypothèse d’ailleurs

  1. (1) Wormsaae, The Primeval Antiquities of Denmark, p. 8.