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debout, des cairns et des dolmens dans cent endroits où les conquérants de Tyr et de Rome, où les marchands de Marseille, où les guerriers celtes, où les laboureurs slaves n’ont jamais passé. Il faut donc envisager le problème à nouveau et de très près.

En partant de ce principe unanimement reconnu que toutes les antiquités de l’Europe occidentale ici mises en question sont, quant à leur style, antérieures à la domination romaine, on pose une base chronologique assurée, et l’on tient la clef du problème. J’insiste sur cette circonstance qu’il ne s’agit ici que de la date du style, et nullement de celle de la construction de tel ou tel monument en particulier, ce qui compliquerait la difficulté d’ensemble de beaucoup d’incertitudes de détail. Il faut s’en tenir d’abord à un exposé aussi général que possible, quitte à particulariser plus tard.

Puisque les armées des Césars occupaient la Gaule entière et une partie des îles Britanniques au premier siècle avant notre ère, le système générateur des antiquités gauloises et bretonnes remonte à des temps plus anciens. Mais l’Espagne aussi possède des monuments parfaitement identiques à ceux-là (1)[1]. Or les Romains ont pris possession de cette contrée longtemps avant de s’établir dans les Gaules, et, avant eux, les Carthaginois et les Phéniciens y avaient jeté d’abondantes importations de leur sang et de leurs idées. Les peuples qui ont érigé les dolmens espagnols ne sauraient donc les avoir imaginés



(1) Borrow, The Bible in Spain, in-12, Lond., 1849, chap. VII, p. 35 : « Whilst toiling among this wilds waste, I observed, a little way to my left, a pile of stones of rather a singular appearance and rode up to it. It was a druidical altar and the most perfect and beautiful one of the kind which I have never seen. It was circular, and consisted of stones immensely larges and heavy at the bottom, which towards the top became thinner and thinner, having been fashioned by the hand of art to something of the shape of scallop shells. These were surmounted by a very large flat stone, which slanted down towards the earth, where was a door. » — Bien peu d’observations ont été faites en Espagne sur cette classe de monuments. M. Mérimée a visité cependant, près d’Antequera, un souterrain clairement marqué des caractères pseudo-celtiques.

  1. (1) Borrow, The Bible in Spain, in-12, Lond., 1849, chap. VII, p. 35 : « Whilst toiling among this wilds waste, I observed, a little way to my left, a pile of stones of rather a singular appearance and rode up to it. It was a druidical altar and the most perfect and beautiful one of the kind which I have never seen. It was circular, and consisted of stones immensely larges and heavy at the bottom, which towards the top became thinner and thinner, having been fashioned by the hand of art to something of the shape of scallop shells. These were surmounted by a very large flat stone, which slanted down towards the earth, where was a door. » — Bien peu d’observations ont été faites en Espagne sur cette classe de monuments. M. Mérimée a visité cependant, près d’Antequera, un souterrain clairement marqué des caractères pseudo-celtiques.