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LIVRE CINQUIÈME.

CIVILISATION EUROPÉENNE SÉMITISÉE.

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CHAPITRE PREMIER.

Populations primitives de l’Europe.

On a considéré longtemps comme impossible de découvrir entre le Bosphore de Thrace et la mer qui borde la Galice, et depuis le Sund jusqu’à la Sicile, un point quelconque où des hommes appartenant à la race jaune, mongole, ugrienne, finnoise, en un mot, à la race aux yeux bridés, au nez plat, à la taille obèse et ramassée, se soient jamais trouvés établis de manière à y former une ou plusieurs nations permanentes. Cette opinion, si bien acceptée qu’on ne l’a guère controversée que dans ces dernières années, ne reposait d’ailleurs sur aucune démonstration. Elle n’avait pas d’autre raison d’être qu’une ignorance à peu près absolue des faits concluants dont l’ensemble, aujourd’hui, la renverse et l’efface. Ces faits sont de différente nature, appartiennent à différents ordres d’observations, et le faisceau de preuves qu’ils composent est d’une complète rigueur[1].

  1. Schaffarik a été un des premiers à démontrer la présence primordiale et la diffusion des Finnois asiatiques en Europe ; mais il s’est borné à l’examen de la région septentrionale, en affirmant seulement que la race jaune était descendue beaucoup plus loin vers l’est et le sud qu’on ne le suppose généralement. (Slawische Alterthümer, t. I, p. 88.) — Müller (Der ugrische Volksstamm, t. I, p. 399) signale des traces d’établissements lapons dans la partie la plus méridionale de la Scandinavie et jusqu’à Schonen. — Pott (Indogerm. Sprachstamm, Encycl. Ersch u. Gruber, p. 23) pose en principe l’origine asiatique de toutes les tribus finnoises d’Europe, et pense que, dans des temps très anciens, cette famille s’étendait fort avant vers le sud. — Rask mêle à des opinions plus hardies nombre d’assertions suspectes. — Wormsaae est un des auteurs qui ont commencé avec beaucoup de sagacité et d’érudition à poser la question sur le véritable terrain.