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Cet élément ethnique le plus abondant, c’était pour l’Asie le noir. Les Chamites, dès les premières marches de leur invasion, l’avaient rencontré bien haut dans le nord, et probablement les Sémites, quoique plus purs, s’étaient, à leurs débuts, aussi laissé tacher par lui.

Plus nombreuses que toutes les émigrations blanches dont l’histoire ait fait mention, les deux premières familles venues de l’Asie centrale sont descendues si loin vers l’ouest et vers le sud de l’Afrique, que l’on ne sait encore où trouver la limite de leurs flots. Pourtant on peut attester, par l’analyse des langues sémitiques, que le principe noir a pris partout le dessus sur l’élément blanc des Chamites et de leurs associés.

Les invasions arianes furent, pour les Grecs comme pour leurs frères les Iraniens, peu fécondes en comparaison des masses plus d’aux deux tiers mélanisées dans lesquelles elles vinrent se plonger. Il était donc inévitable qu’après avoir modifié, pendant un temps plus ou moins long, l’état des populations qu’elles touchaient, elles se perdissent à leur tour dans l’élément destructeur où leurs prédécesseurs blancs s’étaient successivement absorbés avant elles. C’est ce qui arriva aux époques macédoniennes ; c’est ce qui est aujourd’hui.

Sous la domination des dynasties grecques ou hellénisées, l’épuisement, grand sans doute, était loin encore de ressembler à l’état actuel, amené par des mélanges ultérieurs d’une abondance extrême. Ainsi, la prédominance finale, fatale, nécessaire, de plus en plus forte, du principe mélanien a été le but de l’existence de l’Asie antérieure et de ses annexes. On pourrait affirmer que depuis le jour où le premier conquérant chamite se déclara maître, en vertu du droit de conquête, de ces patrimoines primitifs de la race noire, la famille des vaincus n’a pas perdu une heure pour reprendre sa terre et saisir du même coup ses oppresseurs. De jour en jour, elle y parvient avec cette inflexible et sûre patience que la nature apporte dans l’exécution de ses lois.

À dater de l’époque macédonienne, tout ce qui provient de l’Asie antérieure ou de la Grèce a pour mission ethnique d’étendre les conquêtes mélaniennes.