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principe chamite blanc pour un dixième, le principe sémitique pour trois, et le principe arian à peine pour un. Je n’ai pas besoin de dire que je ne vise pas ici à des calculs exacts ; je ne veux que mettre ma pensée en relief.

Mais l’Égyptien du VIIIe siècle, bien que dégénéré, avait pourtant encore une nationalité, une originalité. Il ne possédait plus, sans doute, la virtualité des ancêtres dont il était le représentant ; néanmoins la combinaison ethnique dont il était issu continuait, en quelque chose, à lui être particulière. Dès le Ve siècle il n’en fut plus ainsi.

À cette époque l’élément arian se trouvait tellement subdivisé, qu’il avait perdu toute influence active. Son rôle se bornait à priver les autres éléments à lui adjoints de leur pureté, et dès lors de leur liberté d’action.

Ce qui est vrai pour l’Égypte s’applique tout aussi bien aux Grecs, aux Assyriens, aux Iraniens ; mais on pourrait se demander comment, puisque l’unité s’établissait dans les races, il n’en résultait pas une nation compacte, et d’autant plus vigoureuse qu’elle avait à disposer de toutes les ressources venues des anciennes civilisations fondues dans son sein, ressources multipliées à l’infini par l’étendue incomparablement plus considérable d’une puissance qui ne se voyait aucun rival extérieur. Pourquoi toute l’Asie antérieure, réunie à la Grèce et à l’Égypte, était-elle hors d’état d’accomplir la moindre partie des merveilles que chacune de ses parties constitutives avait multipliées, lorsque ces parties étaient isolées, et, de plus, lorsqu’elles auraient dû souvent être paralysées par leurs luttes intestines ?

La raison de cette singularité, réellement très étrange, gît dans ceci, que l’unité exista bien, mais avec une valeur négative. L’Asie était rassemblée, non pas compacte ; car d’où provenait la fusion ? Uniquement de ce que les principes ethniques supérieurs, qui jadis avaient créé sur tous les points divers des civilisations propres à ces points, ou qui, les ayant reçues déjà vivantes, les avaient modifiées et soutenues, quelquefois même améliorées, s’étaient, depuis lors, absorbés dans la masse corruptrice des éléments subalternes, et, ayant perdu toute vigueur, laissaient l’esprit national sans direction, sans