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de civilisation. Un homme né sur la côte de la mer Rouge, dans la Bactriane, dans l’enceinte d’Alexandrie d’Égypte, au bord de l’Adriatique, se considéra et fut tenu pour un Hellène parfait. Le Péloponèse n’eut plus qu’une gloire territoriale ; ses habitants ne passaient pas pour des Grecs plus authentiques que les Syriens ou les gens de la Lydie, et ce sentiment était parfaitement justifié par l’état des races.

Sous les premiers successeurs d’Alexandre, il n’existait plus dans la Grèce entière une nation qui eût le droit de refuser la parenté, je ne dis pas l’identité, avec les hellénisants les plus obscurs d’Olbia ou de Damas. Le sang barbare avait tout envahi. Au nord, les mélanges accomplis avec les populations slaves et celtiques attiraient les races hellénisées vers la rudesse et la grossièreté trônant sur les rives du Danube, tandis qu’au sud les mariages sémitiques répandaient une dépravation purulente pareille à celle de la côte d’Asie ; pourtant, ce n’étaient là au fond que des différences peu essentielles, et qui ne tournaient pas au profit des facultés arianes. Certes, les vainqueurs de Troie, s’ils fussent revenus des enfers, auraient en vain cherché leur descendance ; ils n’auraient vu que des bâtards sur l’emplacement de Mycènes et de Sparte[1].

  1. On suit, avec une grande facilité, les transformations de la population lacédémonienne. À la bataille de Platée, la ville de Lycurgue avait mis en ligne 50,000 combattants, savoir :

             5,000 Spartiates et 7 Hélotes par Spartiate,
    soit 35,000 Hélotes armés,

    5,000 hoplites
    5,000 peltastes
    Périœkes.

    Total 50 000

    Sur le champ de bataille de Leuctres, il ne paraît plus que 1,000 Spartiates. Depuis longtemps, l’État ne soutenait ses guerres extérieures qu’au moyen d’Hélotes affranchis Νεοδαμώδεις (neodamôdeis). En 370, avant J.-C., lorsque Épaminondas envahit la Laconie, il fallut encore donner la liberté à 6, 000 Hélotes pour pouvoir se défendre. Cent ans après, on ne comptait plus que 700 familles de citoyens, et 100 seulement possédaient des terres ; le reste était ruiné. On reforma alors une aristocratie avec des Périœkes, des étrangers et des Hélotes. À Sellasie, toute cette bourgeoisie nouvelle fut exterminée par le roi Antigone et les Achéens, sauf 200 hommes. Machanidas et son successeur