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la fondation du royaume de Sicyone, les Grecs du nord arrivèrent jusqu’au jour où ils se subordonnèrent le reste de la Grèce sans avoir jamais varié dans leurs idées sociales. Il me serait difficile d’alléguer une plus grande preuve de la pureté comparative de leur noble sang. Ils représentaient bien un peuple belliqueux, utilitaire, point artiste, point littéraire, mais doué de sérieux instincts politiques.

Nous avons trouvé un spectacle à peu près analogue chez les tribus iraniennes d’une certaine époque. Il ne faut pourtant pas en décider à la légère. Si nous comparons les deux nations au moment de leur développement, l’une quand, sous Philippe, elle déborda sur la Grèce, et l’autre, dans un temps antérieur, quand, avec Phraortes, elle commença ses conquêtes, les Iraniens nous apparaissent plus brillants et semblent à beaucoup d’égards plus vigoureux.

Cette impression est juste. Sous le rapport religieux, les doctrines spiritualistes des Mèdes et des Perses valaient mieux que le polythéisme macédonien, bien que celui-ci de son côté, attaché à ce qu’on nommait dans le sud les vieilles divinités, se tînt plus dégagé des doctrines sémitiques que les théologies athéniennes ou thébaines. Pour être exact, il faut néanmoins avouer que ce que les doctrines religieuses de la Macédoine perdaient en absurdités d’imagination, elles le regagnaient un peu en superstitions à demi finnoises, qui, pour être plus sombres que les fantaisies syriennes, n’en étaient guère moins funestes. En somme, la religion macédonienne ne valait pas celle des Perses, travaillée qu’elle était par les Celtes et les Slaves.

En fait de civilisation, l’infériorité existait encore. Les nations iraniennes, touchant d’un côté aux peuples vratyas, aux Hindous réfractaires, éclairés d’un reflet lointain du brahmanisme, de l’autre aux populations assyriennes, avaient vu se dérouler toute leur existence entre deux foyers lumineux qui n’avaient jamais permis à l’ombre de trop s’épaissir sur leurs têtes. Parents des Vratyas, les Iraniens de l’est n’avaient pas cessé de contracter avec eux des alliances de sang. Tributaires des Assyriens, les Iraniens de l’ouest s’étaient également imprégnés de cette autre race, et de tous côtés ainsi l’ensemble