Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/63

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Après comme avant la bataille de Platée, la situation se trouve celle-ci :

L’empire le plus fort doit absorber le plus faible ; et de même que l’Égypte sémitisée s’est agrégée à la monarchie perse, gouvernée par l’esprit arian, de même la Grèce, où le principe sémitique domine désormais, doit subir la prédominance de la grande famille d’où sont sorties les mères de ses peuples, parce que du moment qu’il n’existe pas à Athènes, à Thèbes et même à Lacédémone de plus purs Arians qu’à Suze, il n’y a pas de motifs pour que la loi prépondérante du nombre et de l’étendue du territoire suspende son action.

C’était une querelle entre deux frères. Eschyle n’ignorait pas ce rapport de parenté, lorsque, dans le songe d’Atossa, il fait dire à la mère de Xerxès :

« Il me semble voir deux vierges aux superbes vêtements.

« L’une richement parée à la mode des Perses, l’autre selon la coutume des Doriens. Toutes deux dépassant en majesté les autres femmes. Sans défaut dans leur beauté. Toutes deux sœurs d’une même race (1)[1]. »

Malgré l’issue inespérée de la guerre persique, la Grèce était contrainte par la puissance sémitique de son sang de se rallier tôt ou tard aux destinées de l’Asie, elle qui avait subi si longtemps l’influence de cette contrée.

En vérité la conclusion fut telle ; mais les surprises continuèrent, et le résultat fut produit d’une manière différente encore de ce qu’on se croyait en droit d’attendre.

Aussitôt après la retraite des Perses, l’influence de la cour de Suze avait repris sur les cités helléniques ; comme auparavant, les ambassadeurs royaux donnaient des ordres. Ces ordres étaient suivis. Les nationalités locales s’exaspérant dans leur haine réciproque, ne négligeant rien pour s’entre-détruire, le moment approchait où la Grèce épuisée allait se réveiller



par le décret rendu sur la proposition de Périclès et en vertu duquel le peuple athénien déclarait ne devoir aucun compte de l’emploi des fonds communs de la ligue. (Ibid., p. 161 ; Bœckh, die Staatshaushaltung der Athener, t. I, p. 429.)

(1) Eschyle, les Perses.


  1. (1) Eschyle, les Perses.