Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/60

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

villes grecques. Il ne devait être complet que plus tard, chez les Doriens de Sparte et à Thèbes (1)[1]. L’âge héroïque et ses conséquences immédiates, c’est-à-dire la royauté tempérée, avaient duré 800 ans. Je ne dis rien de l’époque bien plus pure, bien plus ariane des Titans ; il me suffit de parler de leurs fils, les Hellènes, pour montrer que le principe gouvernemental était resté longtemps établi entre leurs mains.

Le système aristocratique n’eut pas autant de longévité. Inauguré à Sparte en 867, et à Athènes en 753, il finit pour cette dernière cité, la ville brillante et glorieuse par excellence, il finit d’une manière régulière et permanente à l’archontat d’Isagoras, fils de Tisandre, en 508, ayant duré 245 ans. Depuis lors jusqu’à la ruine de l’indépendance hellénique, le parti aristocratique domina souvent, et persécuta même ses adversaires avec succès ; mais ce fut comme faction et en alternant avec les tyrans. L’état régulier depuis lors, si tant est que le mot régularité puisse s’appliquer à un affreux enchaînement de désordres et de violences, ce fut la démocratie.

À Sparte, la puissance des nobles, abritée derrière un pauvre reste de monarchie, fut beaucoup plus solide. Le peuple aussi était plus arian (2)[2]. La constitution de Lycurgue ne disparut complètement que vers 235, après une durée de 632 ans (3)[3].



(1) Cumes, Argos et Cyrène conservèrent aussi le nom de roi (βασιλεύς) à leur principal magistrat, investi d’ordinaire du commandement de l’armée et de la présidence générale (ἀγορά). (Mac Cullagh, t. I, p. 15.)

(2) Ils avaient une certaine parenté avec les Thessaliens. Du moins les Aleuades se disaient Héraclides comme les rois de Sparte, et on observe de grandes analogies entre l’organisation servile des Hélotes et des Périakes des uns et celle des Pœnestes, des Perrhœbes et des Magnètes des autres. Les Doriens, bien supérieurs aux autres tribus helléniques au point de vue social, furent d’ailleurs les hommes d’une migration récente. Ils n’avaient aucun renom mythique, et ne sont pas même nommés dans l’Iliade. Ce sont des espèces de Pandavas. (Grote, t. II, p. 2.) — Ils paraissent avoir envahi le Péloponèse par mer, ainsi que les Arians Hindous ont fait du sud de l’Inde. (Ibid., p. 4.) À cet égard, il est curieux d’observer comme les Arians, nation si méditerranéenne d’origine sont toujours facilement devenus des marins intrépides et habiles.

(3) M. Mac Cullagh attribue gravement le déclin et la chute de Sparte

  1. (1) Cumes, Argos et Cyrène conservèrent aussi le nom de roi (βασιλεύς) à leur principal magistrat, investi d’ordinaire du commandement de l’armée et de la présidence générale (ἀγορά). (Mac Cullagh, t. I, p. 15.)
  2. (2) Ils avaient une certaine parenté avec les Thessaliens. Du moins les Aleuades se disaient Héraclides comme les rois de Sparte, et on observe de grandes analogies entre l’organisation servile des Hélotes et des Périakes des uns et celle des Pœnestes, des Perrhœbes et des Magnètes des autres. Les Doriens, bien supérieurs aux autres tribus helléniques au point de vue social, furent d’ailleurs les hommes d’une migration récente. Ils n’avaient aucun renom mythique, et ne sont pas même nommés dans l’Iliade. Ce sont des espèces de Pandavas. (Grote, t. II, p. 2.) — Ils paraissent avoir envahi le Péloponèse par mer, ainsi que les Arians Hindous ont fait du sud de l’Inde. (Ibid., p. 4.) À cet égard, il est curieux d’observer comme les Arians, nation si méditerranéenne d’origine sont toujours facilement devenus des marins intrépides et habiles.
  3. (3) M. Mac Cullagh attribue gravement le déclin et la chute de Sparte à la fâcheuse persistance des institutions aristocratiques. Il a aussi des paroles de pitié pour ces infortunés Doriens de la Crète, dont la constitution restera inébranlable pendant de longues séries de siècles. La comparaison des dates indiquées ici aurait dû le consoler ; ou du moins, s'il voulait persister à gémir sur le peu de longévité des lois de Lycurgue, ne se maintenant que le court espace de 632 ans, il eût pu réserver la plus grande part de sa sympathie pour la démocratie athénienne, encore bien plus promptement décédée. (Mac Cullagh, t. I, p. 208 et 227.) — Mais M. Mac Cullagh, en sa qualité d'antiquaire libre-échangiste, a particulièrement l'horreur de la race dorienne. Je doute qu'il vienne à bout des préférences toutes contraires d'O. Müller (die Dorier). L'érudit allemand est un bien rude antagoniste.