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populations gallo-romaines, multiplièrent la force d’expansion des nouveaux arrivants, sans dégrader trop rapidement leur instinct naturel d’initiative. La société moderne naquit ; elle s’attacha, sans désemparer, à perfectionner de toutes parts, à pousser en avant l’œuvre agrégative de ses devancières. Nous l’avons vue, presque de nos jours, découvrir l’Amérique, s’y unir aux races indigènes ou les pousser vers le néant, nous la voyons faire refluer les Slaves chez les dernières tribus de l’Asie centrale, par l’impulsion qu’elle donne à la Russie ; nous la voyons s’abattre au milieu des Hindous, des Chinois, frapper aux portes du Japon  ; s’allier, sur tout le pourtour des côtes africaines, aux naturels de ce grand continent ; bref, augmenter sur ses propres terres et étendre sur tout le globe, dans une indescriptible proportion, les principes de confusion ethnique dont elle dirige maintenant l’application.

La race germanique était pourvue de toute l’énergie de la variété ariane. Il le fallait pour qu’elle pût remplir le rôle auquel elle était appelée. Après elle, l’espèce blanche n’avait plus rien à donner de puissant et d’actif : tout était dans son sein à peu près également souillé, épuisé, perdu. Il était indispensable que les derniers ouvriers envoyés sur le terrain ne laissassent rien de trop difficile à terminer ; car personne n’existait plus, en dehors d’eux, qui fût capable de s’en charger. Ils se le tinrent pour dit. Ils achevèrent la découverte du globe ; ils s’en emparèrent par la connaissance avant d’y répandre leurs métis ; ils en firent le tour dans tous les sens. Aucun recoin ne leur échappa, et maintenant qu’il ne s’agit plus que de verser les dernières gouttes de l’essence ariane au sein des populations diverses, devenues accessibles de toutes parts, le temps servira suffisamment ce travail qui se continuera de lui-même, et qui n’a pas besoin d’un surcroît d’impulsion nouvelle pour se perfectionner.

En présence de ce fait, on s’explique, non pas pourquoi il ne se trouve pas d’Arians purs, mais l’inutilité de leur présence. Puisque leur vocation générale était de produire les rapprochements et la confusion des types en les unissant les uns aux autres, malgré les distances, ils n’ont plus rien à faire