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fait entraînée dans le tourbillon. Elle l’a été parce que les éléments de création d’une civilisation propre à servir l’action générale avaient été répandus d’avance sur son sol. Avec les races celtiques et slaves, elle posséda en effet, dès les premiers âges, deux courants amalgamateurs qui lui permirent d’entrer, au moment nécessaire, dans le grand ensemble.

Sous leur influence, elle avait vu disparaître dans une immersion complète l’essence jaune et la pureté blanche. Avec l’intermédiaire fortement sémitisé des Hellènes, puis avec les colonisations romaines, elle acquit de proche en proche les moyens d’associer ses masses au compartiment asiatique le plus voisin de ses rivages. Celui-ci, à son tour, reçut le contre-coup de cette évolution ; car, tandis que les groupes d’Europe se teignaient d’une nuance orientale en Espagne, dans la France méridionale, en Italie, en Illyrie, ceux d’Orient et d’Afrique prenaient quelque chose de l’Occident romain sur la Propontide, dans l’Anatolie, en Arabie, en Égypte. Ce rapprochement effectué, l’effort des Slaves et des Celtes, combiné avec l’action hellénique, avait produit tous ses effets ; il ne pouvait aller au delà ; il n’avait nul moyen de dépasser de nouvelles limites géographiques ; la civilisation de Rome, la sixième dans l’ordre du temps, qui avait pour raison d’être la réunion des principes ethniques du monde occidental, n’eut pas la force de rien opérer seule après le IIIe siècle de notre ère.

Pour agrandir désormais l’enceinte où tant de multitudes se combinaient déjà, il fallait l’intervention d’un agent ethnique d’une puissance considérable, d’un agent qui résultât d’un hymen nouveau de la meilleure variété humaine avec les races déjà civilisées. En un mot, il fallait une infusion d’Arians dans le centre social le mieux placé pour opérer sur le reste du monde, sans quoi les existences sporadiques de tous degrés, répandues encore sur la terre, allaient continuer indéfiniment sans plus rencontrer des eaux d’amalgamation.

Les Germains apparurent au milieu de la société romaine. En même temps, ils occupèrent l’extrême nord-ouest de l’Europe, qui peu à peu devint le pivot de leurs opérations. Des mariages successifs avec les Celtes et les Slaves, avec les