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mêler aux éléments circulant autour d’elles. Ces éléments sont grossiers, antipathiques, fugaces ; mais la ductilité de l’élément qui les aborde parvient à les saisir. Elle leur communique, partout où elle les atteint, quelque chose de ses qualités, ou du moins les dépouille d’une partie de leurs défauts ; surtout elle leur donne la puissance nouvelle de se coaguler, et bientôt, au lieu d’une série de familles, de tribus incultes et ennemies qui se disputaient le sol sans en tirer nul avantage, une race mixte se répand depuis les contrées bactriennes sur la Gédrosie, les golfes de Perse et d’Arabie, bien au delà des lacs nubiens, pénètre jusqu’à des latitudes inconnues vers les contrées centrales du continent d’Afrique, longe la côte septentrionale par delà les Syrtes, dépasse Calpé, et, sur toute cette étendue, la variété mélanienne diversement atteinte, ici complètement absorbée, là absorbant à son tour, mais surtout modifiant à l’infini l’essence blanche et étant modifiée par elle, perd sa pureté et quelques traits de ses caractères primitifs. De là certaines aptitudes sociales qui se manifestent aujourd’hui dans les parties les plus reculées du monde africain : ce ne sont que les résultats lointains d’une antique alliance avec la race blanche. Ces aptitudes sont faibles, incohérentes, indécises, comme le lien lui-même est devenu, pour ainsi dire, imperceptible.

Pendant ces premières invasions, pendant que ces premières générations de mulâtres se développaient du côté de l’Afrique, un travail analogue s’opérait à travers la presqu’île hindoue, et se compliquait au delà du Gange, et plus encore, du Brahmapoutra, en passant des peuplades noires aux hordes jaunes, déjà parvenues, plus ou moins pures, jusque dans ces régions. En effet, les Finnois s’étaient multipliés sur les plages de la mer de Chine avant même d’avoir pu déterminer aucun déplacement sérieux des nations blanches dans l’intérieur du continent. Ils avaient trouvé plus de facilités à étreindre, à pénétrer l’autre race inférieure. Ils s’étaient mêlés à elle comme ils avaient pu. La variété malaise avait alors commencé à sortir de cette union, tout ne s’opérait ni sans efforts ni sans violences. Les premiers produits métis remplirent d’abord les provinces centrales du Céleste Empire. A la longue, ils se